La ville comme cour de récréation

Je me baladais dans Paris – aux alentours du Centre George Pompidou – quand soudainement, nous fûmes interrompus par un monsieur avec ‘son escape game‘ ambulant. ‘Souhaitez-vous répondre à quelques énigmes ?’, nous demanda-t-il. Intrigués, nous nous prêtâmes au jeu. Nous réussîmes à résoudre les énigmes une à une, à déverrouiller la boîte, et nous découvrîmes enfin la destination concernée, ainsi que des bracelets… avec lesquels nous repartîmes.

Telle fût ma découverte de ce jeu… Cela me rappela les énigmes et jeux (de sociétés, vidéos) auxquels je jouais enfant et prenais plaisir à développer mon imagination..
L’escape game… essayer de résoudre des énigmes, de sortir d’une boîte, d’une pièce en un temps limité. Le décor est planté, les partenaires choisis, à nous de nous sortir de là. Comme si la vie n’était pas déjà assez stressante et complexe… Pourquoi cherchons-nous à nous retrouver dans de telles situations parfois?
En tout cas, ces escapades nous emmènent loin de notre vie quotidienne, et créent du lien. À faire à plusieurs, en famille, entre amis ou en team building (pour les entreprises), c’est l’activité assurée pour faire connaissance et souder une équipe le temps d’une partie…
Croyez-le ou non, il y a même eu des entretiens – pour des offres d’emploi – qui se sont déroulés sous forme d’escape game1 … Nouveau processus de recrutement.

Vous vous demandez peut-être quand a eu lieu le premier escape game2 ? C’est au Japon, en 2004 que le premier jeu d’évasion en réel, a vu le jour, créé par Toshimitsu Takagi. Quand on y réfléchit, cela ressemble un peu au film d’horreur ‘Cube’, ou encore plus récemment à ‘Labyrinthe’…

Alors venez ! Quoi de mieux que de vous faire oublier les mauvais jours de cette année en vous emmenant avec moi, le temps d’une narration-partie d’escape game ! Je vous promets qu’elle ne sera ni sombre, ni horrifique.

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Escape Game en plein air, un certain printemps 2019. Avec ma chemise bigarrée et mon sac à dos, accompagnée de mes trois acolytes (C, H et E), aussi hype que les Totally Spies, nous avions donc pour but de parcourir la ville tout en essayant de résoudre les énigmes en une heure et demie. Munies d’une tablette, géolocalisées, nous démarrons devant le ‘laboratoire’, dans la rue ‘Jeanne d’Arc’, près d’Euromer (l’agence où on peut commander les billets pour aller au bled). Prêtes à voyager, le compte à rebours lancé et le chemin à parcourir jusqu’à la prochaine étape connu, nous discutions  et nous nous interrogions sur les chemins de la ville, les limites de parcours, le thème principal de l’escape game et les rôles à jouer. Comme une chasse aux trésors intra-muros… Où trouvent-ils toute cette imagination ? Chaque partie est différente… J’avais bien lu le descriptif pour cette ‘Opération Mindfall’ – mais tout de même, la phase introductive et la mission expliquée par la cheffe (à travers la tablette), nous incombant de sauver l’humanité, était à la fois précise, avec un but, mais également évasive, mystérieuse… intentionnellement. Hâte d’en découvrir plus !

Nous longions le tram et remontions donc la rue Boussairolles pour faire face à une fresque. Un message géant à déchiffrer… quand tout à coup, de l’autre côté, sur la place de la comédie des cris et youyous de protestations retentissent. Les binationaux algériens entamaient un hirak à leur manière, darbouka, drapeaux et chansons contre le cinquième mandat de Bouteflika. Je regardais la fresque colorée qui se tenait devant nous – fresque à laquelle je n’avais jamais vraiment portée attention jusque là – et jetais tour à tour des coups d’œil à la manifestation. Partagée entre l’envie de les rejoindre, de danser et l’envie de résoudre ce casse-tête devant moi, avec mes acolytes… Une fois l’énigme résolue – bon celle-ci n’était pas évidente et sans l’aide de mes acolytes, j’aurais bien pu abandonner et commencer à danser au milieu de la place. D’ailleurs, nous nous retrouvâmes à ladite place, de la ‘Comédie’. Quelle belle place ! Entourées par la foule et des bâtiments haussmanniens, nous devions cette fois, résoudre une formule chimique. Te revoilà, chimie organique, encore une fois, je ne pense pas avoir été d’une grande aide pour cette étape… du moins E a réussi à trouver le fin mot ! Ouf…

Le groupe de protestation se dirigeait vers le Pérou, je le suivais encore du regard. Nous nous dirigions également dans cette direction, nous nous arrêtâmes brusquement pour converser avec un chatbot. Tiens, voilà qu’on faisait face à un chatbot maintenant ! Ressemblant plus à un robot qu’à un chat… (?) Hum… Que de réponses précises ! C’est bien, comme quoi il peut être d’une grande aide finalement… Nous repartions ensuite vers les galeries marchandes, puis nous nous retrouvâmes proche des Halles et d’une fontaine… avec des signes à repérer tout autour. *Suspense*.

Nous voilà devant une porte d’entrée, en bois, non loin des magasins de vêtements. Revoilà le chatbot. Nous devons communiquer le nom du Monsieur figurant à côté de cette porte d’entrée. Il – à travers la tablette – nous donne des indices précieux pour pouvoir avancer ! Ce chimiste semble avoir encore toute sa tête… Ouf !
Nous courrons vers la gare… notre temps se trouvant de plus en plus limité… Tic – Tac, Tic – Tac, non nous ne courrions pas pour attraper le tram ou un train, non, mais pour sauver le monde ! Nous revoilà proche du tram et du Rockstore pour résoudre notre dernière énigme composée de chiffres et de lettres. Consonnes, chiffres, voyelles… J’ai l’impression de voir double. YES !! On a pu taper le bon code avant le temps imparti. Une voiture passa par là… Oups, oui, je crois que l’on gênait un peu la circulation… mais nous avons sauvé le monde !
Nous repartîmes au point de départ, contentes d’avoir fini la mission et d’avoir montrer à cette cheffe de quoi l’on était capable – qui pour être honnête, ne pensait pas que l’on pouvait relever le défi. Un joli moment que l’on a pu immortaliser par une photo de groupe, un selfie pris avec la tablette. (Vous recevez ensuite la photo par mail).

Quand je repasse par ces rues, parfois, je pense à ce moment où, nous étions des héroïnes dans la ville le temps de quelques minutes, et ce sans que personne ne le sache. Regardez bien dorénavant et soyez attentifs, un héro peut passer à côté de vous sans que vous vous en rendiez compte.
Indice : certains portent des blouses (blanches).

FIN.

Sources :

1 – Conseils recrutement, octobre 2017. Escape Game : un outil de recrutement. https://www.digitalrecruiters.com/blog/conseils-recrutement/lescape-game-nouvel-outil-recrutement.html

2 – Leavinroom. Tout savoir sur l’histoire de l’escape game : https://leavinroom.fr/tout-savoir-sur-lhistoire-des-escape-game/

Photomontage : fait par Yasmina B. Fresque prise en photo, se trouvant au niveau des docks – cité de la mode et du design- en 2017.

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[English] –

I was walking in Paris – around the Center George Pompidou – when suddenly, we were interrupted by a man with his ‘escape game‘. “Would you like to answer some puzzles?” He asked us. Intrigued, we played the game. We succeeded in solving the puzzles one by one, unlocking the box, and we finally discovered the mysterious destination, as well as bracelets… with which we left.

This was the first introduction I had to this game. It reminded me of the puzzles and games (board games, videos), I played as a child and took pleasure in developing my imagination. The escape game… trying to solve puzzles, getting out of a box, out of a room in a limited time. The scene is set, the partners chosen, it’s up to us to get out of there. As if life isn’t stressful and complex enough… Why do we try to find ourselves in such situations sometimes? In any case, these escapades take us far from our daily life, and create a bond. To do as a group, with family, friends or in team building (for companies), this is the activity to get to know each other and unite a team during a game… Believe it or not, there were even interviews – for job offers – that happened in the form of an escape game… New recruitment process.

You may be wondering when the first escape game took place? It was in Japan in 2004 that the first live escape game was released, created by Toshimitsu Takagi. When you think about it, it sounds a bit like the horror movie ‘Cube’, or even more recently ‘Labyrinth’…

So come ! What could be better than to make you forget the bad days of this year by taking you with me for an escape game storytelling ! I promise you it will not be gloomy or horrifying.

Outdoor escape game, some spring 2019. With my colorful shirt and my backpack, accompanied by my three acolytes (C, H and E), as hype as the Totally Spies, we had the aim to travel the city while trying to solve the riddles in an hour and a half. Equipped with a tablet, we start in front of the “laboratory”, in the street “Jeanne d ‘Arc”, near Euromer (the agency where one orders the tickets to go to the ‘bled’, Maghreb). Ready to travel, the countdown started and the way to go until the next known place, we start to discuss and wonder about the paths of the city, what limits, the main theme of the escape game and the playing roles. Like an intramural treasure hunt… Where do they find all this imagination? Each part is different… I had read the description for this ‘Operation Mindfall’ – but all the same, the introductory phase and the mission explained by the leader (through the tablet), claiming that we had to save humanity, was both precise, with a purpose, but also evasive, mysterious… intentionally. Can’t wait to find out more!

We walk along the tram and go up ‘Boussairolles’ street to face a colorful mural. A giant message to decipher when, suddenly, on the other side, in the ‘Place de la Comédie’, cries and ululations of protest ring out. The Algerian binationals began a hirak in their own way, darbouka, flags and songs against Bouteflika’s fifth term. I stared at the colorful mural in front of us – a fresco that I had never really paid attention to before – and continued glancing at the demonstration. Torn between the desire to join them, to dance and the desire to solve this puzzle in front of me, with my acolytes… Once the riddle solved – well this one was not obvious and without the help of my acolytes, I could well have let go and started dancing in the middle of the square. Besides, we found ourselves in the said place, of ‘the Comedy’. What a beautiful place! Surrounded by the crowd and Haussmann buildings, this time we had to solve a chemical formula. Here you are again, organic chemistry, again, I don’t think I was of much help with this step… at least E managed to find the end of the story ! Phew…

The protest group was heading towards the ‘Peru’ esplanade, I was still watching it. We were heading in that direction as well and then abruptly stop our momentum to chat with a bot. Here we are facing a chatbot now ! Looking more like a robot than a cat… (chat means cat in french) (?) Hmm … What precise answers ! That’s good, as it can be a big help after all…
*Suspense*.

We then find ourselves in front of a front door, made of wood, not far from the clothing stores. Here is the chatbot again. We must communicate the name of the gentleman appearing next to this front door. This gentleman, through the tablet gives us precious clues to be able to move forward ! This chemist seems to still have his head… Phew ! We start running towards the train station… our time being more and more limited… Tic – Tac, Tic – Tac, no we did not run to catch the tram or a train, no but to save the world ! Here we are again near the tram and the ‘Rockstore’ to solve our last riddle composed of numbers and letters. Consonants, numbers, vowels… I have the impression of seeing double. YES !! We were able to type the correct code before the time limit. A car passed by… Oops, yes, I think the traffic was a bit obstructed… but we saved the world ! We walked back to where we started, happy to have finished the mission and to have shown to this leader what we were capable of – who to be honest, didn’t think we could rise to the challenge. What a lovely moment that we were able to immortalize with a group photo, a selfie taken with the tablet. (You will then receive the photo by email).

When I go back through these streets, sometimes I think of that moment when, we were heroines in the city for a few minutes, without anyone knowing it. Take a good look now and pay attention, a hero can walk past you without you realizing it. Hint : some of them wear (white) gowns.

END.

Sources:

1 – Conseils recrutement, octobre 2017. Escape Game : un outil de recrutement. https://www.digitalrecruiters.com/blog/conseils-recrutement/lescape-game-nouvel-outil-recrutement.html

2 – Leavinroom. Tout savoir sur l’histoire de l’escape game : https://leavinroom.fr/tout-savoir-sur-lhistoire-des-escape-game/

Feuilletons nos souvenirs…

J’irai là où les poussières me mènent

Un jour pluvieux d’automne. Vous aimez l’automne ? Nous sortons de la voiture avec nos parapluies puis apercevons des hangars, un parking et sous une tente : une file d’attente.
Nous nous trouvons au milieu de feuilles humides et le bruit des cordes, scrutant des visages inconnus, presque souriants malgré le temps gris, nous nous interrogeons sur le lieu.
Dehors, dedans ? Nous ne savons pas.
Nous entrons au restaurant, le temps d’un thé à la verveine, une boisson chaude pour réchauffer nos mains. Nous sourions à ces visages qui au cours de nos conversations, deviennent de plus en plus familiers.
Dedans. Le show se fera à l’intérieur et non dehors comme prévu initialement.
Nous longeons le parking et nous nous dirigeons dans un des hangars, au F.
Des palettes, des structures en bois et en métal décoraient le lieu en une armature fine mais robuste. Nous nous arrêtons devant une ligne, face à nous, un portrait. Le visage d’une femme, âgée, lunettes, cheveux bruns et un sourire éclairant ses yeux de milles feux. A droite, accroupi, se tient le danseur, Yann. En une première révérence, le spectacle commence.
Nous sommes portés dans la danse comme Yann porte cet être cher. Une fois, deux fois… Des va et vient… Comme des feuilles portées par le vent, le portrait est arraché et bercé de part et d’autre. Pour ensuite atterrir à un endroit, à droite. Canada, Afrique, des voyages, des souvenirs, des moments de vie happés, repensés, répétés comme des éléments fragiles que l’on a peur de casser, d’oublier… Nos yeux suivent Yann, avec la même ferveur avec laquelle il se balance sur une traverse puis des palées de stabilité, comme pour arrêter le temps. Où en étions nous ? Nous parlions de voyage, d’anniversaires, de moments partagés, vécus et essayons nous-mêmes de les retenir, restons happés, de peur qu’ils s’enfuient, trop vite. Yann se mêle à la foule, nous interpellant sur comment, comment et où avons-nous pu mettre tel objet ?
Mais qu’est-ce que cet objet ? Comment était-il ? Les mots sont justes, ils sont là, décrivent le décor, des objets, des moments en nous nous interrogeant du regard, mutuellement, chacun. Sommes-nous là ? Là avec nos vêtements, ponctuellement, dans un hangar, un point de localisation facilement identifiable par GPS mais… mais réellement, cet endroit… nous le découvrons. Un premier portrait arraché, puis un autre, celui d’un jeune homme souriant, lui… Le voilà qui se dépose sur le visage de Yann, son corps se mêle au portrait comme un géant émoji. Laissant tomber le portrait au sol, nous découvrons un autre visage, qui semble familier mais beaucoup plus jeune… une femme brune, aux cheveux bruns et ce même sourire. Nous inversons le temps, du moins, nous avançons dans le temps, seulement en sens inverse. Ce passé futur se déroule sous nos yeux, bercé par la voix douce de cette femme âgée, rencontrée auparavant. Elle chantonne. Elle resplendit. Des miettes, des miettes, un tas de miettes, se sont des éléments (fictivement) posés par cette dame dont le prénom nous reste inconnue. Sont-ils réellement fictifs ou sont-ils évoqués comme ces mêmes miettes qui nourrissent les fourmis. Nourrissant notre réflexion, nos pensées, nous continuons à regarder tour à tour Yann, puis l’audience, en regards amusés et curieux. Nous nous interrogeons… Quelles sortes de miettes ? Des avalanches de miettes ? De poussières ? De souvenirs ? Les portraits se déchirent en morceaux… Yann nous propose généreusement de prendre un morceau, un seul. A garder précieusement.

Plus de portraits mais un seul miroir brisé et un voile miroitant, tourbillonnant qui se pose sur une spectatrice comme une fine goutte se poserait sur une feuille. Le temps d’une valse. Une histoire écrite, vécue, partagée, bercée par une voix légère qui semble être heureuse, fredonnant, se demandant c’est quoi le bonheur… Le bonheur ! Le Bon-heur ?! La Bonne heure ? Le voile blanc disparaît au loin, comme une mariée se dirigeant vers l’autel. Qu’y-a-t-il au bout ? Personne ne le sait, puisque lui seul, accompagnée par la voix de cet être cher sortent du hangar, en un au revoir où même le miroir ne put réfléchir ce moment. Hors cadre, hors sol, hors de vue, ‘hors sujet’ comme Yann a pu l’évoquer durant la prestation. Interrogés ? Est-ce la fin ? Déjà ? Quelle heure est-il ? Sommes-nous devenus hors sujets, hors du temps ? Il est temps de partir mais nous repartons avec des morceaux de souvenirs, de prestations, d’interrogations et surtout d’émotions. Merci.

*A tous nos êtres chers et personnes rencontrées : vous nous avez peut-être oubliés, déjà, mais nous ne vous oublions pas. Nous vous portons avec nous où que nous allions.

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[English] –

I’ll go where the dust takes me

A rainy fall day. Do you like fall season? We get out of the car with our umbrellas, then see hangars, a parking lot and under a tent: a queue.
We find ourselves in the midst of wet leaves, hearing the sound of continuous drops and scrutinizing unknown faces, almost smiling despite the gray weather, we were wondering about the place.
Outside inside ? We do not know.
We enter the restaurant, time for verbena tea, a hot drink warming our hands. We smile at those faces which in the course of our conversations become more and more familiar.
Inside, the show will take place inside, and not outside as originally planned.
We walk along the parking lot and we go to one of the hangars, at F.
Pallets, wooden and metal structures decorated the place in a thin but sturdy frame. We stop in front of a line, in front of us, a portrait. The face of an elderly woman, glasses, brown hair and a smile that brightens her eyes. On the right, crouching, stands the dancer, Yann. By one reverence, the show begins.
We are carried in the dance like Yann carries this loved one. Once, twice… Coming and going… Like leaves blown by the wind, the portrait is ripped from the wall and rocked on both sides. Then landing in a place, on the right. Canada, Africa, travels, souvenirs, moments of life snatched up, rethought, repeated like fragile elements that we are afraid of breaking, of forgetting… Our eyes follow Yann, with the same fervor with which he swings on a cross bar then on balances of stability, as a way to stop time. Where were we ? We were talking about travels, birthdays, moments shared, lived and we ourselves try to hold them back, drawn, fearing they might escape, too quickly. Yann mingles with the crowd, questioning us on how, how and where we we put such and such object ?
But what is this object? How was it ? The words are right, they are there, describing the scenery, objects, moments and we were looking at each other, each. Are we there, there with our clothes, occasionally in a shed, a localized point easily identifiable by GPS but… but really, this place… we discover it. A first portrait torn off, then another, of a smiling young man… Here he is, settling on Yann’s face, his body mingling with the portrait like a giant emoji. Throwing the portrait to the ground, we discover another face, which looks familiar but much younger… a brunette woman, with brown hair and that same smile. We are reversing time, at least we are moving forward in time, only in the opposite direction. This future past unfolds before our eyes and rocked by the soft voice of this elderly woman, met before. She hums. She shines. Crumbs, crumbs, a heap of crumbs, are elements (fictitiously) posed by this lady whose first name remains unknown to us. Are they really fictitious or are they just conjured up as the same crumbs that feed the ants. Feeding our reflection, our thoughts, we continue to look alternately at Yann, then at the audience, with amused and curious looks. We wonder… What kinds of crumbs? Avalanches of crumbs? Dust? Memories? The portraits are torn into pieces… Yann generously offers us to take a piece, just one. To keep preciously.

No more portraits but a single broken mirror and a shimmering, swirling veil that lands on a spectator like a fine drop on a leaf. Time for a waltz. A story written, lived, shared, rocked by a light voice that seems to be happy, humming, wondering what happiness is… Happiness! Happiness ?! The good time ? The white veil vanishes over the horizon, like a bride heading for the altar. What is at the end? Nobody knows, since he, alone, accompanied by the voice of his loved one come out of the hangar, in a goodbye where even the mirror could not reflect this moment. Out of frame, off ground, out of sight, ‘off topic’ as Yann spoke of during the performance. Wondering ? Is this the end ? Already ? What time is it ?
Have we become irrelevant, timeless? It’s time to go but we leave with pieces of memories, performances, questions and above all emotions. Thank you.

* To all our dear ones and people we have met : you may have forgotten us already, but we are not forgetting you. We carry you with us wherever we go.

Exploration urbaine par la danse avec Yann Lheureux

Portrait Yann Lheureux, ©Maxcasa

Danseur, chorégraphe ayant fondé sa compagnie en 1995, Yann Lheureux nous partage son univers, sa vision sur la danse et l’urbain.

“J’ai eu une approche assez immédiate avec la danse, comme un plaisir à travers ces films là.”

Comment votre amour pour la danse s’est manifesté et quand avez-vous décidé d’en faire votre vocation ?
– Alors, ma passion pour la danse s’est manifestée assez jeune, je n’ai pas le souvenir précis d’un déclic, hormis le fait que la tradition familiale était de regarder des comédies musicales. Je suis un pur produit des comédies musicales américaines et françaises. Ça ça a été, je pense mes premières visions de ce que pouvait être la danse et puis ensuite j’ai eu un goût assez rapidement plutôt prononcé pour la danse mais c’était plutôt dans les soirées festives. J’ai eu une approche assez immédiate avec la danse, comme un plaisir à travers ces films là.
Et la danse non pas comme une pratique en club, association, structure mais comme une pratique intime dans les fêtes. Ensuite, sur le tard, c’est vers 16 ans que j’ai rencontré la danse hip hop, j’habitais en Allemagne à l’époque, à Baden-Baden, une belle ville, pas très loin de Strasbourg, au nord (de Strasbourg). Dans les années 1980s, les premières images qui venaient des États-Unis… Des types faisaient des choses incroyables, ils tournaient sur la tête, bougeaient sur une musique à un rythme fou et donc avec des cousins à l’époque, qui habitaient la même ville, nous avons créé un groupe. Avec ce groupe, on s’entraînait aussi, dès que l’on avait un peu de temps, c’était une passion dévorante, on allait en discothèque faire les concours, on allait danser dans la rue avec les cartons et le poste.. c’était des gros postes que l’on mettait sur les tôles. Voilà, ça s’était mon premier déclic, celui sur le hip hop (hormis le fait que j’ai toujours aimé danser).
Après j’ai eu la chance de faire deux années de fac à Strasbourg et comme option j’avais pris danse avec une dame incroyable, ‘Madame Baffalio‘. Elle nous amenait sur les terrains de différentes danses, des danses de salon, la danse contemporaine, la danse jazz, la danse africaine avec une caractéristique quand même, en nous amenant vraiment sur le terrain de la danse contemporaine.
Et ça, ça a été foudroyant pour moi. Parce que cette danse contemporaine, moi je la définis volontiers par la grande ouverture qu’elle permet, où l’on y met un peu tout, ce que l’on souhaite donc ça permet de créer un langage, un vocabulaire, un univers… J’y ai trouvé un espace de liberté fabuleux. Il y avait des spectacles de fin d’année, de grand théâtre, où ça a été mes premières planches.
Époque à laquelle, j’ai commencé à m’inscrire à un concours de la fédération française de danse, une fédération qui travaille avec les amateurs, qui souhaitent devenir professionnels parfois. Et, j’avais créé un solo qui avait été récompensé en régional et quelques premiers prix en national. C’était une très belle aventure et cela m’a donné un petit peu de fierté mais surtout cela m’a donné l’idée de croire un petit peu en cette voie, qui pour moi n’était vraiment qu’une voie d’amateur, de plaisir !
Néanmoins, je suis parti travailler à Paris, à l’époque, à la poste contrôleur à la Poste. Je suis parti à Paris pour gagner ma vie et pouvoir assumer, de pouvoir prendre mes cours de danse, puis j’ai fait une année en Allemagne et à mon retour j’ai décidé de quitter mon poste, j’ai démissionné et commencé le travail avec une petite compagnie, ‘Sylvie Deluz‘ à Montpellier. J’ai vraiment mis les pieds à l’étrier – avec cette compagnie à Montpellier – entre temps, en prenant des cours de danse, de jazz, de contemporain etc. J’étais en emploi aidé à l’époque…
De fil en aiguille, j’ai travaillé pour d’autres compagnies. Je suis parti vivre en Suisse pendant un an et demi pour le travail aussi et puis là j’ai rencontré un autre déclic qui a été celui sur l’improvisation, la danse contact et d’improvisation. […]
Je travaillais dans le cadre de la compagnie ‘Philippe Saire‘, à Lausanne, et là ça m’a ouvert encore d’autres portes et surtout celles de la danse contact et celles de l’improvisation. qui a été pour moi, un déclic, un endroit – je parlais de danse contemporaine et ça ré-ouvre le spectre des possibles – un domaine, où tout était possible dans ses pratiques là.
Et comme je n’avais pas de formation institutionnelle, ni académique, j’ai décidé d’aller faire une formation aux États-Unis, (à Amherst dans le Massachusets) pendant quatre étés de Body-Mind-Centering.

C’est quoi exactement, le Body-Mind-Centering ?
– C’était une pratique somatique, un peu à l’instar d’Alexander, Feldenkreis, kynésiologie, c’était une formation sur le corps, on travaillait sur les différents systèmes du corps, sur les schémas du développement du corps. Ce n’était pas une formation en danse mais c’est une formation que j’ai souhaité faire car elle me permettait d’entrer en contact avec l’instrument, de cette pratique. Je ne voulais pas uniquement prendre des cours d’anatomie… Une pratique somatique à la fois qui sert au développement, au bien être, donc les gens qui font cette formation en sortent praticiens du bien être, professeurs de yoga, d’autres travaillaient cela pour aborder la psychanalyse, etc. C’était une formation très très ouverte et il m’intéressait de la parcourir pour la danse, d’en savoir plus sur le corps. J’ai eu mon diplôme de praticien de Body-Mind-Centering.[…]
Il y avait des gens un peu du monde entier, de Taiwan, de Corée, des États-Unis, d’Europe, du Mexique et chaque année on se retrouvait dans le Massachusetts, c’est une terre très grasse, posée… ‘grounded’.
C’était une pratique – pas uniquement intellectuelle mais – qui utilise beaucoup les mises en expérimentation. C’était vraiment passionnant. Et c’est de retour à Montpellier que j’ai décidé de fonder ma propre compagnie. C’est comme ça que j’ai démarré la compagnie Yann Lheureux.
Ce qui m’intéressait aussi à travers la constitution d’une compagnie c’était qu’être artiste, comme je le vivais à l’époque, je trouvais cela un peu enfermant c’est-à-dire qu’on passait du studio au théâtre, c’était un peu hors sol.
Le métier de chorégraphe, m’intéressait assez bien car déjà on pouvait créer vraiment à loisir, ce que l’on avait envie de mettre en œuvre et dans le métier de chorégraphe on peut travailler les différentes strates de réalité, comme celles de l’administration, de la gestion, des politiques, du culturel, du social, j’avais l’impression que cela m’ouvrait à différentes manières d’être au monde.

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Votre approche presque innocente et cet esprit itinérant peuvent se retranscrire à travers vos œuvres, comment ces sujets sur le corps, la mémoire, notre relation au territoire et les questions d’identité(s) vous sont venues à l’esprit ?
Est-ce dû à vos voyages ou à la volonté de briser des barrières en évoquant ces sujets assez complexes ?
– Alors oui, ça provient je pense… J’ai eu une enfance très nomade, entre l’Afrique Noire, l’Allemagne, la France, je pense que c’est pour ça que très rapidement j’ai travaillé dès le démarrage sur ces questions des identités, de territoires donc des pièces qui étaient des déclinaisons de questionnement sur ces sujets là, jusqu’en 2016. A partir de ce moment et d’un retour (passé cinq mois en Corée du Sud), j’ai changé d’approche en m’orientant sur la question de la mémoire toujours en lien avec les questions d’identité mais de manière plus précise car ma mère étant (atteint d’) Alzheimer entre temps, je m’étais décidé de me dédier, à cette recherche, à ce travail-là.

Vous êtes sur plusieurs tableaux à la fois, comment arrivez-vous à vous organiser ?
En rebond, entre mon métier de chorégraphe, d’organisateur, de performeur, de spectacle, de pédagogue (j’enseigne aussi), et mon métier d’interprète. Il y a une sorte de rebond, de jonglage incessant entre toutes ses fonctions là, qui lorsqu’elles sont en équilibre, c’est passionnant. C’est un métier où l’on ne frôle pas l’ennui, après ça demande beaucoup d’organisation, une force de travail conséquente car ce sont des métiers qui peuvent être vite précaires car personne ne nous attend. Une organisation qui se fait en compagnie d’une équipe. […]

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Montpellier, ça a toujours été une terre de migration et je trouve donc pertinent votre travail dans la mesure où le mouvement, l’errance et le renouvellement aussi parfois, reflètent cet aspect de la ville, en changement constant, dynamique et douce à la fois par son climat où les frontières peuvent être floues voire brutales entre certains quartiers ? Comment Montpellier vous a-t-elle inspirée ?
– Alors, Montpellier m’a attirée oui par sa dynamique déjà, parce qu’à l’époque et encore maintenant c’est une ville assez reconnue pour la danse. Elle m’a fascinée pour sa qualité de dynamisme, par son climat aussi, la qualité de vie qu’elle offrait. J’ai habité à Paris pendant plus de deux ans donc j’avais hâte de me retrouver dans un lieu qui soit propice au bon vivre. Et puis, après, c’est une ville aussi passionnante parce qu’elle est mine de rien, pleine de fractures, de contrastes… Je travaille actuellement sur le quartier des Cévennes, on commence un travail pour trois ans, nous allons être en résidence dans un collège, dans le quartier des Cévennes. J’ai commencé la semaine dernière avec une déambulation dans le quartier avec un urbaniste Luc Gwiazdzinski, une scientifique Anne Marcilhac, une sociologue Ihsane GHINAOUI et un plasticien urbain Al Sticking. C’est un passionant projet, qui est intéressant puisque ça permet de revisiter la ville un peu autrement… Oui, Montpellier a été un peu cette terre d’accueil depuis un bon moment déjà…

“Créer une pièce c’est aussi un prétexte à questionner un sujet particulier, des sujets particuliers.”

Est-ce qu’il y a des artistes, des chanteurs voire même des scientifiques qui influencent votre processus de création ou votre création même ?
– Régulièrement, là par exemple Luc Gwiazdzinski l’urbaniste avec qui je travaille, à l’époque j’avais collaboré avec lui déjà pour un triptyque de solo avec un performeur de BMX, un yamakasi, un danseur hip-hop et Luc était intervenu à mes côtés pour observer comment ces pratiques urbaines viennent décrire la rue, la pratiquer mais l’écrire aussi d’une certaine manière, la contredire parfois, la questionner au travers les flux, les textures, l’hospitalité, etc.
Sur la maladie d’Alzheimer le dernier projet, alors évidemment j’ai travaillé avec des gériatres, la scientifique en neuroscience Anne Marcilhac qui m’a épaulé et donné quelques informations sur cette maladie qui touche les nerfs, et au niveau social aussi. Donc voilà, j’aime bien m’entourer de personnes qui sont un peu les spécialistes des sujets. Créer une pièce c’est aussi un prétexte à questionner un sujet particulier, des sujets particuliers. J’aime bien m’entourer de gens qui vont ouvrir le spectre du travail et montrer, mener une enquête aussi, il y a une phase d’exploration, d’investigation…
[…]
Est-ce que le Fise, le festival à Montpellier, vous avez influencé (pour Flat Grand Délit) ?
– Non, cela ne m’a pas influencé, c’est dans l’air du temps et c’est déjà dans mon ADN, dans ma pratique, questionner… La danse, elle flirte aussi avec l’engagement, l’exploit et le risque et la sensibilité et l’éthique aussi, c’est ce que j’ai rencontré avec ces praticiens là. Au bout d’un moment, une pratique quand on l’a pousse, elle ouvre une éthique, une façon d’être.

Une éthique, oui, notamment là c’était une prestation sur la Machine-Homme, on parle beaucoup d”IA… C’est super intéressant, il y a toutes les questions d’éthiques qui reviennent, notamment les œuvres réalisées par les robots. Elles appartiennent à qui ? Aux robots, concepteurs… ? Il y a le droit de propriété qui entre en jeu…
– Ouais clairement, est-ce les programmeurs, les robots… (?)

Pour en revenir vers les prestations, il y a ‘The Way we are’ (Ici soit—il), ‘les Oubliés’ et ‘Autrement qu’ainsi’ on peut l’englober dans ces deux prestations ? C’est la dernière que j’ai pu voir ‘Autrement qu’ainsi’.
– ‘Autrement qu’ainsi’, ‘Ici soit-il’ et ‘Les Oubliés’ sont des pièces qui traitent de cette nouvelle démarche que j’ai entamée à partir de 2016 qui concerne la mémoire et l’oubli.

“[…] en tout cas j’ai l’impression d’avoir à la fois changer de sujet mais pas changer d’objet ou l’inverse. Il y a une sorte de continuité malgré tout que je tente, que je perce, que je reconnais dans mon travail au travers des différentes thématiques qui interrogent l’homme, la place de l’homme, le lien, qu’est-ce qu’être au monde ?!”

On retrouve ce thème de mémoire, d’identités déchirées même parfois de dissociation aussi…
– Ouais, d’identités altérées, dissociées…

Du coup, écrire cette (dernière) pièce a-t-elle permis de mettre les choses en perspective, comment cela a pu alimenter vos réflexions sur les prestations précédentes, avez-vous un nouvel œil sur ces thèmes abordés ?
– (rires). Je ne sais pas si j’ai un nouvel œil, en tout cas j’ai l’impression d’avoir à la fois changer de sujet mais pas changer d’objet ou l’inverse. Il y a une sorte de continuité malgré tout que je tente, que je perce, que je reconnais dans mon travail depuis longtemps au travers des différentes thématiques qui interrogent quand même l’homme, la place de l’homme, le lien, qu’est-ce qu’être au monde ! C’est quelque chose qui n’a pas changé, il y a des angles de vue un peu particuliers. Notamment, là je travaille sur un jeune public sur la question du vieillir, sachant que vieillir ça commence tôt, c’est la question du devenir en fait.

Ah, là comme ça cela me fait penser à Benjamin Button…
– Eh oui, oui, très beau film…

Auprès des jeunes, c’est au niveau de l’Enclos saint… ?
– L’Enclos St François, c’est là où nous avons été en résidence pendant trois ans, c’est une maison d’enfants ‘à cas spécial’ et maintenant nous allons être pendant trois ans, dans le quartier des Cévennes, un quartier prioritaire de Montpellier. Ce qui m’intéresse dans ce projet de nouvelle résidence c’est que l’on va travailler en lien avec ces jeunes, le personnel enseignant et surtout travailler dans un quartier, ça m’intéresse bien justement, car une des particularités de la compagnie, comme on peut le voir, c’est que je travaille sur les spectacles dans le théâtre mais aussi les spectacles hors les murs, donc des espacements dédiés à la culture à priori. Ce qui m’intéresse là, c’est de pouvoir continuer d’augmenter, d’approfondir ma lecture de l’urbain, de ce que peut être la ville et cette relation entre les habitants et les lieux d’habitation… Cette question que je partage avec l’urbaniste, de territoire apprenant. Apprendre de son territoire.

C’est vrai qu’on redécouvre toujours les espaces, il y a toujours des choses qu’on ne voit pas et puis qu’on redécouvre…
– Exactement, et puis il y a des gens dont le métier est de nous les montrer un peu autrement, c’est intéressant d’apprendre à lire. Avant d’apprendre à écrire, on apprend à lire, donc avant d’apprendre à écrire dans l’urbain il faut aussi apprendre à le lire, avec différents regards d’où le travail que je mène avec le personnel urbain, les urbanistes, la neuroscientifique (évoquée précédemment), la sociologue aussi qui va nous accompagner.

J’avais fait… c’était un sujet d’études sur la Paillade, et il y avait eu la construction de la ZAC et mon sujet c’était de connecté les deux quartiers car ça faisait vraiment séparation, donc c’était un peu comme en neurochirurgie, connecter deux parties assez différentes et essayer de trouver une homogénéité, sachant qu’ils voulaient faire un espace commercial dans la ZAC alors qu’il y avait déjà des commerces de proximité à la Paillade qui commençaient à être délaissés par un manque de financement […]. Comment on pouvait prolonger la piste cycle du côté de la Paillade […] Je trouvais intéressant de voir comment ces deux quartiers s’articulaient, pour créer une homogénéité… Ils se sont appropriés l’espace et puis la présence de ce nouveau quartier comment cela change la réappropriation de cet espace ou comment ils se déplacent au sein de ce quartier…
[et les Cévennes ?]
– Personne ne connaît vraiment (les Cévennes), on circule, on passe un peu, rue d’Algo par là, mais les gens connaissaient par trop, ils connaissaient plutôt la Mosson, la Paillade, le Petit Bar, etc pour autant c’est vraiment un quartier prioritaire aussi, voilà, pas mal d’enjeux aussi, d’enjeux communautaristes, etc.

C’est bien d’avoir une résidence là-bas, ça va permettre de remettre les choses en perspective…
– On va avoir le privilège d’avoir le temps, trois années, c’est intéressant, dans des collèges, des lieux particuliers. En général on intervient une semaine, deux semaines, un mois… et là ça va être intéressant d’observer les fruits des actions que l’on va y mener. Cette question du temps, elle est importante en fait. Le projet va s’appeler ‘En devenir’. […] Nous ce qui va nous intéresser c’est de voir comment on va pouvoir travailler avec les habitants, on a de grandes chances de commencer à travailler déjà à partir du collège, on va rencontrer les jeunes, cela va être intéressant, c’est un accès aux habitants au travers la jeunesse, le collège, l’école primaire. Et puis, force d’action, de spectacles, de formes pratiques mais aussi on va créer des protocoles qui vont nous permettre d’aller dans la ville.

“[…] de pouvoir continuer d’augmenter, d’approfondir ma lecture de l’urbain, de ce que peut être la ville et cette relation entre les habitants et les lieux d’habitation… cette question que je partage avec l’urbaniste, de territoire apprenant. Apprendre de son territoire.”

A la Paillade, par exemple, il y avait des projets de résidentialisation, il y avait cet aspect de protéger certains bâtiments, ce qui ressortait c’était que par exemple, mettre des grillages au niveau des bâtiments ça a créé plus d’incivilités par exemple. […] Les habitants pouvaient décorer comme ils le souhaitaient leur bâtiment, leur palier… C’est très intéressant toute cette partie art, il y a de quoi faire je pense avec la danse au niveau des cages d’escalier etc.
– Ça va être à la fois un terrain de jeu incroyable, très varié et puis, en même temps voilà la danse c’est une extension du corps… la question du genre, de la place de l’homme, de la femme, qu’est-ce qu’il est possible, qu’est-ce qu’on peut s’autoriser encore en France actuellement dans certains quartiers… Comment on peut porter encore notre corps d’une certaine manière. Durant la visite, à la déambulation, il y avait une barre d’immeuble qui jouxte un parking souterrain avec une grande dalle en béton et là il devait y être posé trois blancs. […]
La personne qui nous accompagnait dans ce quartier, nous disait que ces trois bancs ont fait l’objet d’une polémique incroyable parce qu’en fait les papas, les maris qui habitaient dans la barre d’immeuble en face, ne voulaient pas de ces bancs car ils voulaient pas qu’on voient leur femmes s’asseoir dessus et qu’on puisse mater les fesses de leurs femmes.

(?) (rires) sur une grande place (assez ouverte) j’imagine… (?)
– Mais même pas, c’était assez hallucinant, c’était improbable comme réflexion !

Ouais…
Tu connais un peu aussi la culture maghrébine où la femme ne doit pas se plier pour faire ses lacets, il faut s’accroupir, tu limites tes fesses, enfin voilà ce genre de choses comme ça où on sexualise le corps de la femme alors qu’en fait voilà, elle est dans une posture quotidienne, urbaine, tout à fait légitime et normale… Venir avec la danse dans ces quartiers là, ce n’est pas anodin non plus, c’est venir avec une façon d’être à son corps et redonner liberté…

Cela me fait penser, j’avais vu un reportage, c’était une représentation (de danse) dans la rue, c’était organisé avec des femmes volontaires pendant quelques jours, elles s’entraînaient pour danser et se réapproprier l’espace urbain, dans la rue… C’était intéressant parce que les passants ne s’y attendaient pas. […] Les gens se sont intégrés même dans la danse.
– La danse a une fonction de lien social aussi indéniable .

Elles se sont retrouvées, elles-mêmes à se dire pourquoi dans la rue parfois, je ne me sens pas bien, pourquoi dans telle rue je longe le mur alors que bon, je pourrais marcher correctement, enfin voilà, le trottoir il est à tout le monde… Et il y a aussi tout cet aspect de sécurité aussi.
– C’est l’hospitalité dans nos villes, comment on se sent en sécurité, quelles mesures on prend pour la sécurité, c’est comme ce que tu disais, l’instauration des portails, parfois cela va à contre sens finalement.

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Je reviens vers les dernières prestations… vous voulez danser au nom de personnes vulnérables et atteintes de la maladie d’Alzheimer, dans le cas de votre maman, on l’entend chantonner dans la prestation, je trouve cela très poétique avec sa voix douce qui nous transporte jusqu’à la fin (de la prestation). Cela me permet de rebondir sur la vidéo, je ne sais pas si vous avez vu la vidéo de Marta Gonzalez qui était danseuse…
– Oui, j’avais vu le lien qu’on m’avait déjà envoyé, ouais, un bon reportage. C’est joli, c’est touchant de voir qu’effectivement quand on perd la mémoire, est-ce qu’on perd toutes ses facultés, toute la mémoire d’une vie ? Ce n’est pas le cas ! C’est ce qu’il en est au travers du chant. Ma mère pendant le spectacle, elle n’a plus accès à la plupart de ses mémoires et en même temps, quand on remet cette musique, elle est capable d’en fredonner l’air et d’avoir les paroles, en boucle. C’est pareil pour cette vieille dame, qui finalement retrouve des parties, des fragments de danse, bien qu’étant Alzheimer…
On ne peut pas situer l’endroit de la mémoire uniquement au cerveau, mais la mémoire c’est aussi des sens, des perceptions… J’ai vu un reportage, la mémoire en relation aux os, nos os portent notre mémoire aussi, notre squelette porte aussi notre mémoire. Il y a plusieurs formes de mémoire et quand certaines sont atteintes, il y a toujours des moyens d’accéder à d’autres fragments de notre mémoire.

L’urbanisme d’ailleurs, je trouvais qu’il y avait beaucoup d’analogies que l’on pouvait faire entre l’urbain et le cerveau. La ville, comment on peut connecter des parties…
– Ouais, ouais, une belle métaphore : la ville connectée ! Les smart cities. Effectivement c’est une belle analogie entre le corps et ses réseaux et la ville et ses réseaux.

Exactement… avec le coronavirus comment vous vivez cette situation ? Cela a pu alimenter votre réflexion ?
– Oui, sous plusieurs angles, oui, l’un de ces angles là c’est celui du corps, la question de sommes-nous en train de changer de corps ? Nos corps sont en train de se transformer mine de rien avec cette expérience, il y a des corps qui redeviennent suspects. il y a des corps qui peuvent être dangereux sans même le savoir, sans même le sentir, ça c’est tout de même quelque chose d’assez troublant, de se sentir, de se savoir dangereux pour ses proches. Est-ce que l’on peut se fier à ses sensations ? Finalement, on se met en porte à faux aussi entre ce que l’on ressent et la réalité et ce qui se trouve. On peut être asymptomatique, c’est-à-dire être malade sans même s’en apercevoir, être contagieux, ça aussi c’est une forme étonnante, d’être contagieux. On se savait contagieux dans le rire mais on est aussi contagieux au travers d’une maladie et puis, c’est aussi avec tous ses masques, je pense aux jeunes. Dans les cours de récréation, devant leur professeurs, ils sont masqués, en plein moment d’apprentissage et qui apprennent en étant masqués, en cachant une partie de leur visage, de leur émotions, je pense que là aussi, il y a quelque de chose qui est en train de s’éprouver, d’étrange, nos sens aussi qui sont mis un peu de côté, on se remet à re-questionner nos sens, le goût, l’odorat… On nous inflige, sur une injonction comme ça, à ne pas se toucher, à être le moins tactile possible, à garder nos distances après il y a tout le vocabulaire choisi, assez tragique, ‘on est en guerre’, ‘distanciation sociale’, un vocabulaire assez guerrier, séparateur, clivant au possible. Je pense que le corps, il trinque avec ça. Comment reconstruit-on son corps avec ça et quel corps social on est en train de construire à partir de là.

Oui, j’ai vu en plus, au niveau du gouvernement, il y a une dernière loi, qui est en train de se faire, la loi de sécurité (globale), c’est de ne plus filmer les policiers…
– Oui, c’est assez terrible. Sachant que cette loi là normalement, on la résume comme ça, ‘on ne peut plus filmer les policiers’, alors que normalement on a le droit de les filmer, la loi dit qu’on n’a pas le droit de les filmer dans les ‘intentions malveillantes’, mais bon, évidemment en résumé ça prouve qu’on n’a plus le droit de les filmer. En même temps, ce qui s’est passé aux États-Unis, qui a été filmé, qu’est-ce qu’ils seraient passés à l’acte si personne n’ait pu filmer ça…
Donc, oui il y a des lois comme ça, liberticides. Alors, est-ce qu’on est dans une période liberticide, c’est aussi une question que l’on se pose en tant que citoyens, mais en tant qu’artistes aussi. On peut travailler dans le théâtre, on nous sépare des spectateurs. On nous interdit de rencontrer les spectateurs donc c’est assez étrange comme situation. Et puis ça questionne du coup la liberté. A quel prix ? On est basculé entre remplir des missions de bien commun, et en même il y a des libertés dont on nous prive et jusqu’où accepte-on. C’est assez volontaire, on peut mesurer le dosage. Et puis cette liberté, il y a ma liberté et il y a peut-être revisiter cette notion de liberté, où souvent elle est brandie comme quelque chose d’assez massif ou je l’ai ou je ne l’ai pas… On en a quand même pas mal en France, de liberté(s). Mais, voilà c’est ce que j’invoque quand je parle de liberté. Ça va requestionner pas mal de points comme ça. Notre libre arbitre aussi, on reçoit tous les jours en boucle comme ça, certaines informations. On les reçoit par les médias, par nos écrans, donc comment dans cette saturation dans laquelle on vit, on arrive encore à s’y repérer, à faire des choix, continuer de penser, de traiter l’information, de ne pas la recevoir comme telle, de l’analyser, de la critiquer. Alors, quel libre arbitre il y (en) a encore en cette période ?
[…] En tout cas cette période, oui permet de ré-envisager. C’est une période qui permet de remettre à plat les choses que l’on croyait être évident. Il est pas évident de pouvoir serrer dans ses bras les gens qu’on aime, il est pas évident de se faire face, il est pas évident de se rapprocher, il est pas évident de continuer d’avoir le goût, l’odorat, etc. Il est pas évident qu’on puisse faire ce que l’on veut, sortir, le jour, la nuit comme on veut, il est pas évident qu’on puisse aller à plus de 100 kilomètres de chez soi. Bref, ça fait beaucoup d’évidences qui sont remises en jeu.

Vous avez toujours la possibilité de vous représentez en France ?
– Pour l’instant non. Pour l’instant les spectacles sont interdits. On peut uniquement travailler, les seules choses que l’on peut faire c’est de continuer les répétitions.

Ah ouais, donc ça a un peu cassé votre rythme…
– Ouais, ça a bien enrayé toute la dynamique comme ça des compagnies, des théâtres, des festivals, en France et ailleurs. On est dans une zone un peu d’endormissement, d’hibernation. Et puis on va voir combien de temps ça va durer et combien de temps on peut tenir, c’est toute une économie, une précarité aussi qui surgit. […]
C’est une sorte de repli, un repli à la maison, identitaire, communautaire, international. Ça aussi, comment on va pouvoir se redéployer après ce moment de repli (?)

“Comment reconstruit-on son corps avec ça et quel corps social on est en train de construire à partir de là. […]

On est basculé entre remplir des missions de bien commun, et en même il y a des libertés dont on nous prive et jusqu’où accepte-on.”

Vous deviez aller à l’étranger non pour des événements (artistiques) ?
– On devait partir en Tunisie, je devais partir en Corée, là j’organise un festival aussi ‘mouvement sur la ville’ qui normalement devait débuter début décembre et on va en garder juste une soirée en live-streaming avec trois chorégraphes. Il devait y avoir des Coréens, des Suisses et puis, ceux qui manquent, finalement ne pourront être invités.

Ah ok super ! Ça permet aussi d’ouvrir l’événement à l’international aussi si c’est en live.
– Voilà, on va tester ça. […] Exactement, c’est un peu un mal pour un bien, il faut profiter de cette occasion… de trouver, essayer d’autres façons de, d’autres manières. Après on jugera sur pièce, ce qui est intéressant…

Oui, c’est sûr que ce n’est pas pareil (live vs visio).
– Oui, c’est un art d’empathie la danse, on reçoit une l’énergie. Il y a une forme de corps à corps. Alors que là sur les écrans, ça va être un peu différent.

Après, j’ai vu beaucoup de chanteurs en ont profité pour demander à leurs fans de danser sur des musiques et ils ont fait leur clip sur les danses des différents fans qu’ils ont sélectionnés.
– Ah c’est excellent ça !

Je trouvais ça super bien fait en plus, parce que c’était en un seul fil plusieurs vidéos de personnes qui dansaient, qui ne se connaissaient pas et ça s’enchaînait assez bien.
– Ah super, c’était quel chanteur ?

Là c’était ‘Oh Wonder’. c’est un groupe anglais, la chanson c’était ‘Keep on dancing’…
– Oui, il y a plein d’idées qui surgissent, d’autres manières de faire… continuer d’être créatifs !

Et continuer d’être connecté(es) du coup…
– Au monde et à soi !

Exactement…

Merci à Yann Lheureux pour cette interview !
Comment avez-vous trouvé cette interview ? N’hésitez pas à partager votre avis !

Pour en savoir plus sur ses travaux : La Compagnie Yann Lheureux

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[English] –

Dancer, choreographer, who started his own dance company in 1995, Yann Lheureux shares with us his universe, his vision on dance and the urban.

“I had an immediate approach with dance, as a pleasure through those movies.”

How your love for dance manifested, when did you decide this was your calling ?
– Well, ma passion for dance manifested fairly young, I do not recall a precise memory or a turning point, except the fact that the family tradition was to watch musical comedies. I am a pure product of french and american musical comedies. That was, I think, my first visions on what dance could be, then I quickly had a rather pronounced taste for dance but it was more in festive evenings. I had an immediate approach with dance, as a pleasure through those movies.
And, dance not as a practice in a club, association, organization but as an intimate practice in parties. Then later, around 16 years old, I discovered hip hop, I was living in Germany at that time, in Baden-Baden, a beautiful city, nearby Strasbourg, north. During the 80’s, the first images coming from the USA… Some men were doing incredible things, turning on their heads, moving on a music at a crazy rate, so with some cousins at that time – who were living in the same city – we created a group, a band. With this band, we trained as soon as we had time, it was an absolute passion, we went to a discotheque, doing competition, we were dancing on the streets with cartboards and big sets that we put on the sheets. Yeah, that was my first ‘click’, hip hop (beside the fact that I have always loved dancing).
Afterwards I had the chance to do two years at the university, in Strasbourg and as an option I had taken dancing with an incredible lady, ‘Madame Baffalio‘. She brought us on the grounds of different dances, ballroom dances, contemporary dance, jazz dance, African dance with a characteristic all the same, bringing us really into the field of contemporary dance. And that was overwhelming for me. Because this contemporary dance, I readily define it by the great openness it allows, where you put a little everything into it, what you want, therefore, allows you to create a language, a vocabulary, a universe… I found there a fabulous space of freedom. There were end of year shows, big theater, where it was my first boards. At that time, I started to register for a competition with the French dance federation, a federation that works with amateurs, who sometimes wish to become professionals. And, I had created a solo which had been rewarded in regional and some first prizes in national. It was a very beautiful adventure and it gave me a little bit of pride but above all it gave me the idea to believe a little bit in this path, which for me was really only a path of amateur, fun !
Nevertheless, I went to work in Paris at the time, working as a post office controller. I left for Paris to earn my living and to be able to assume, to be able to take my dance lessons, then I did a year in Germany and on my return I decided to leave my job, I resigned and started the work with a small company, ‘Sylvie Deluz‘ in Montpellier. I really set foot in the stirrup in the meantime, taking dance, jazz, contemporary lessons etc. and with this company, in Montpellier. I was in a subsidized job at the time … Little by little, I worked for other companies. I went to live in Switzerland for a year and a half for work too and then there I encountered another click which was the one on improvisation, contact dance and improvisation. […] As part of the ‘Philippe Saire‘ company in Lausanne, and there it opened up other doors to me, especially those of contact dance and those of improvisation. which for me was a trigger, a space – I was talking about contemporary dance and that re-opens the spectrum of possibilities – a field, where everything was possible in its practices there. And since I had no formal or academic training, I decided to go and to attend a course in the United States (in Amherst, Massachusetts) for four summers on Body-Mind-Centering

What is exactly, Body-Mind-Centering ?
– It was a somatic practice, a bit like Alexander, Feldenkreis, kinesiology, it was training on the body, we worked on the different systems of the body, on the patterns of the development of the body. It was not a dance training but it is a training that I wanted to do because it allowed me to come into contact with the instrument, of this practice. I didn’t just want to take anatomy lessons … A somatic practice that is both for development and for well-being, so the people who do this training come out of it as well-being practitioners, yoga teachers, others. were working this to approach psychoanalysis, etc. It was a very, very open course and I was interested in going through it for dance, to know more about the body. I graduated as a Body-Mind-Centering practitioner. […] There were people from all over the world, from Taiwan, Korea, the United States, Europe, Mexico and each year we met in Massachusetts, it is a very rich, settled land… grounded.
It was not just an intellectual practice, but one that made extensive use of experimentation. It was really exciting. And it was back in Montpellier that I decided to found my own company. This is how I started the Yann Lheureux company. What also interested me through the constitution of a company was that being an artist, as I lived it at the time, I found it a little enclosing that is to say that one went from the studio at the theater, it was a little ‘above ground’. The job of choreographer interested me quite well because we could create really at leisure, what we want to implement and in the profession of choreographer we can work on the different layers of reality, like those of the administration, management, politics, culture, social, I had the impression that it opened me up to different ways of being in the world.

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Your almost innocent approach and this itinerant spirit can be transcribed through your works, how did these subjects on the body, memory, our relationship to the land and questions of identity (ies) come to your mind? Is it due to your travels or to the desire to break down barriers by bringing up these rather complex subjects?
– So yes, it comes I think… I had a very nomadic childhood, between Black Africa, Germany, France, I think that’s why very quickly I worked from the start on these questions of identities, of territories therefore pieces which were variations of questioning on these subjects, until 2016. From that moment and a return (I spent five months in South Korea), I changed my approach by orienting myself on the question of memory always in connection with questions of identity but more precisely because my mother being (suffering from) Alzheimer in the meantime, I had decided to dedicate, to this research, to this work.

You are on several boards at the same time, how do you manage to organize yourself ?
– In rebound, between my job as a choreographer, organizer, performer, show, teacher (I also teach), and my job as an interpreter. There’s a kind of bouncing, relentless juggling between all of its functions there, which when balanced it’s exciting. It’s a job where you don’t come close to boredom, it requires a lot of organization too, a substantial workforce because these are jobs that can quickly become precarious because no one is waiting for us. An organization that is done in the company of a team. […]

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Montpellier has always been a land of migration and therefore, I find your work relevant to the extent that movement, wandering and renewal also sometimes reflect this aspect of the city, in constant change, dynamic and gentle at the same time. by its climate where the borders can be blurred or even brutal between certain districts? How did Montpellier inspire(s)-d you ?

– So, Montpellier attracted me yes, by its dynamic already, because at the time and still now it is a city well known for dance. It fascinated me for its quality of dynamism, also for its climate, the quality of life it offered. I lived in Paris for more than two years so I couldn’t wait to find myself in a place that is conducive to good living. And then, afterwards, it’s such a fascinating city because it is full of fractures, of contrasts… I am currently working on the Cévennes district, we are starting work for three years, we will be in residence in a college, in the Cévennes district. I started last week with a stroll in the neighborhood with an urban planner Luc Gwiazdzinski, a scientist Anne Marcilhac, a sociologist Ihsane Ghinaoui and an urban plastic artist Al Sticking. It’s a fascinating project, which is interesting since it allows you to revisit the city a little differently. Yes, Montpellier has been a bit of this welcoming land for me, quite a while now…

“Creating a piece is also a pretext for questioning a particular subject, particular subjects.”

Are there artists, singers or even scientists who influence your creative process or your own creation ?
– Regularly, there for example Luc Gwiazdzinski the town planner with whom I work, at that time I had already collaborated with him for a triptych of solo with a BMX performer, a yamakasi, a hip-hop dancer and Luc had intervened by my side to observe how these urban practices come to describe the street, to practice it but also how to write it in a certain way, to contradict it sometimes, to question it through the flows, textures, hospitality, etc. On Alzheimer’s disease the last project, obviously I worked with geriatricians, the neuroscience scientist Anne Marcilhac who supported me and gave me some information on this disease which affects the nerves, and at the social level as well. I like to surround myself with people who are a bit of experts on certain subjects. Creating a piece is also a pretext to question a particular subject, particular subjects. I like to surround myself with people who will open up the spectrum of work and to show, also to conduct an investigation, there is a phase of exploration, investigation…[…]

Did the Fise, the festival in Montpellier, have you influenced (for Flat Grand Délit) ?
– No, that did not influence me, it is in tune with the times and it is already in my DNA, in my practice, to question… Dance also flirts with commitment, exploit, risk and sensitivity and ethics too, that’s what I encountered with these practitioners there. After a while, when you push a practice, it opens up an ethic, a way of being.

Ethics, yes, especially here it was a performance on the Machine-Man, we talk a lot about AI… It’s super interesting, there are some ethical questions that come up, especially the works produced by robots, there is the right of property which comes into play… Who owns the created paintings (?)
– Yeah clearly, is it the programmers, the robots … (?)

Coming back to the shows, there is ‘The Way we are’, ‘The Forgotten’ and ‘Other than thus’ can we include it in these two ? It was the last one that I was able to see ‘Otherwise than thus’.
– ‘Otherwise than thus’, ‘The way we are’ and ‘The Forgotten’ are pieces that deal with this new approach that I started from 2016 which concerns memory and forgetting. […]

In any case I have the impression that I have changed the subject but not changed the object or the reverse. There is a kind of continuity despite everything that I try, that I pierceS, which I recognize in my work through the different themes that question man, man’s place, bond, what is it to be in the world ?! ”

We find this theme of memory, of torn identities even sometimes of dissociation too…
– Yeah, altered identities, dissociated identities…

Did writing this (last) piece help you to put things in perspective, how could it fuel your reflections on the previous performances, do you have a new eye on these themes ?
– (laughs). I don’t know if I have a new eye, in any case I have the impression that I have  changed the subject but not changed the object or vice versa. Despite everything, there is a kind of continuity that I try, that I pierces which I recognize in my work for a long time through the different themes which nevertheless question man, the place of man, the link, what/how (it is) to be in the world ?! This is something that has not changed, there are some particular angles of view. In particular, here I am working on a young audience on the question of aging, knowing that aging starts early, it is in fact the question of becoming.

Ah, like that it makes me think of Benjamin Button…
– Yes, yes, very beautiful film…

With young people, it is at the ‘Enclos St…’ ?
– The Enclos St François, this is where we have been in residence for three years, it is a children’s home with special case and now we will be for three years, in the Cévennes district, a priority district from Montpellier. What interests me in this new residence project is that we will work in conjunction with these young people, the teaching staff and especially work in a neighborhood, that interests me very well, because one of the particularities of the company, as we can see, is that I work on shows in the theater but also on shows outside the walls, so spaces dedicated to culture a priori. What interests me there is (to work in this district), to be able to continue to increase, to deepen my reading of the urban, of what the city can be and this relationship between inhabitants and places of residence… this question that I share with the town planner, of learning territory. To learn from ones’s territory.

It’s true that we always rediscover spaces, there are always things that we do not see and then that we rediscover…
– Exactly, and then there are people whose job is to show them to us a little differently, it’s interesting to learn to read. Before learning to write, we learn to read, so before learning to write in the city, we must also learn to read it, with different perspectives, hence the work that I lead with the urban staff, the town planners, the neuroscientist and the sociologist (mentioned previously) also who will accompany us.

I had done a research, it was a subject on La Paillade, and there had been the construction of the ZAC… and my subject was to connect the two neighborhoods because it really was separated, so it was a bit like in neurosurgery, connect two quite different parts and try to find homogeneity, knowing that they wanted to create a commercial space in the ZAC although there were already local shops in La Paillade which were starting to be neglected by a lack of funding […]. How we could extend the cycle track on the Paillade side […] I found it interesting to see how these two districts fit together, to create a homogeneity… They appropriated the space and then the presence of this new district how it changes the reappropriation of this space or how they move within this neighborhood.
[and the Cévennes?]
– Nobody really knows (the Cévennes), we move around, we pass a little, rue d’Algo by there, but people knew too much, they rather knew the Mosson, the Paillade, the Petit Bar, etc. is really a priority neighborhood too, there you have it, a lot of issues too, communitarianist issues, etc.

It’s good to have a residence there, it will help put things in perspective…
– We’re going to have the privilege of having the time, three years, it’s interesting, in high schools, in some particular places. In general, we intervene for a week, two weeks, a month… and there it will be interesting to observe the fruits of the actions that we are going to carry out. This question of time is important in fact. The project will be called ‘In the making’. […] What will interest us is to see how we will be able to work with the inhabitants, we have a good chance of starting to work already from a high school, we will meet young people, it will be interesting, because it is an access to the inhabitants through the youth, the high school, the primary school. And then, with force of action, shows, practical forms but also we will create protocols that will allow us to go to the city.

“[…] to be able to continue to increase, to deepen my reading of the urban, of what the city can be and this relationship between inhabitants and places of residence… this question that I share with the town planner, learning territory. Learning from one’s territory. “

At La Paillade, for example, there were residentialisation projects, there was this aspect of protecting certain buildings, what stood out was that, for example, putting fences at the level of buildings created more incivility… […] In this project, for example, the inhabitants could decorate their building, their landings as they wished… It’s very interesting all this art part, there is something to do I think with dancing at the level of the stairwells etc.
– It will be at the same time an incredible playing field, very varied and then, at the same time, here is the dance it is an extension of the body… the question of gender, of the place of man, of woman , what is possible, what can we still allow ourselves in France currently in certain districts… How we can still carry our body in a certain way. During the visit, during the stroll, there was a building bar which adjoins an underground car park with a large concrete slab and there should be placed three blanks. […] The person who accompanied us in this neighborhood told us that these three benches were the subject of an incredible controversy because in fact the dads, the husbands who lived in the bar of the building opposite, did not want to these benches because they didn’t want us to see their wives sit on them and that people watch their wives’ buttocks.

(?) (laughs) in a large square (quite open) I imagine … (?)
– But not even, it was quite amazing, it was improbable as a reflection !

Yeah…
You also know a little bit the Maghrebian culture where the woman must not bend to tie her laces, you have to squat, you limit your buttocks, finally here is this kind of thing like that where we sexualize the body of the woman while in fact, she is in a daily, urban posture, quite legitimate and normal… Coming with the dance in these districts, it is not trivial either, it is coming with a way of being, in your body and giving back a kind of freedom…

It makes me think, I had seen a report, it was a performance (of dance) in the street, it was organized with female volunteers for a few days, they trained to dance and reclaim the urban space. in the street… It was interesting because the passers-by were not expecting it. […] People even integrated into the dance.
– Dance has such an undeniable social bond function.

They found themselves, saying to each other why in the street sometimes, I don’t feel well, why in such and such a street I walk along the wall when I could walk properly, because the sidewalk is for everyone, you know… And there is also this whole aspect of security too.
– It’s hospitality in our cities, how we feel safe, what measures we take for security, it’s like what you were saying, the establishment of fences, sometimes it goes against the grain.

_________________________________

I come back to the last performances… you want to dance on behalf of vulnerable people suffering from Alzheimer’s disease, in the case of your mother, we can hear her singing in the performance, I find it very poetic with her sweet voice that transports us to the end (of the show). This allows me to bounce back from the video, I don’t know if you have seen the video of Marta Gonzalez who was a dancer…
– Yes, I saw the link that had already been sent to me, yeah, a good report. It’s pretty, it’s touching to see that indeed when we lose our memory, do we lose all our faculties, all the memory of a lifetime ? This is not the case ! This is what we can see through the singing. My mother during the show, she no longer has access to most of her memories and at the same time, when we put this music back, she is able to hum the tune and have the lyrics in a loop. It’s the same for this old lady, who finally finds parts, fragments of dance, although she has Alzheimer… We cannot locate the place of memory only in the brain, but memory is also about senses, perceptions… I saw a report, memory in relation to bones, our bones carry our memory too, our skeleton also carries our memory. There are many forms of memory and when some are affected there are always ways to access other fragments of our memory.

Urban planning, moreover, I found that there were many analogies that could be made between the urban and the brain. The city, how we can connect parts…
– Yeah, yeah, a nice metaphor: the connected city ! Smart cities. Indeed it is a beautiful analogy between the body and its networks and the city and its networks.

Exactly… with the coronavirus, how are you coping with this situation ? Could this have fueled your reflection?
– Yes, from several angles, one of these angles is that of the body, the question of are we changing bodies? Our bodies are transforming casually with this experience, there are bodies that are becoming suspect again. There are bodies that can be dangerous without even knowing it, without even feeling it, that is in itself something quite disturbing, to feel, to know that you are dangerous for your loved ones. Can we trust our own feelings? Finally, we also put ourselves at odds between what we feel and the reality, what it is there. You can be asymptomatic, that is to say, be sick without even realizing it, be contagious, that too is an astonishing form, to be contagious. We knew we were contagious in laughter but we are also contagious through an illness and then, it is also with all these masks, I think of young people. In the playgrounds, in front of their teachers, they are masked, in the midst of learning and who learn by being masked, by hiding part of their face, of their emotions, I think that there too, there is something that is being experienced, strange, our senses too which are put aside a little, we start to question our senses again, taste, smell… We are inflicted, on a injunction like that, do not touch each other, to be as little tactile as possible, to keep our distance. Afterwards there is all the chosen vocabulary, quite tragic, ‘we are at war’, ‘social distancing’, a rather warlike vocabulary, separator, cleaving as possible. I think the body is toasting with that. How do you rebuild your body with that and what social body you are building from there ?

Yes, I saw in addition, at the level of the government, there is a last law, which is in the course of being made, the law of security (global), it is to no longer be able to film the police officers…
– Yes, that’s pretty terrible. Knowing that this law normally, we summarize it like this, ‘we can no longer film the police’, whereas normally we have the right to film them, the law says that we are not allowed to film them in ‘malicious intentions’, but, obviously in summary that proves that we no longer have the right to film them. At the same time, what happened in the United States, which was filmed, what would have happened if no one could have filmed that…
So, yes there are laws like that, freedom-destroying laws. So, are we in a period of liberticide, it is also a question that we ask ourselves as citizens, but also as artists. We can work in the theater, we are separated from the spectators. We are forbidden to meet spectators so it’s quite a strange situation. And then it suddenly questions freedom. At what price ? We are tipped between fulfilling missions of the common good, and at the same time there are freedoms that we are deprived of and to what extent do we accept that. It’s quite voluntary, we can measure the dosage. And then this freedom, there is my freedom and there is perhaps revisiting this notion of freedom, where often it is brandished as something quite massive as I have it (all) or I do not have it (at all)… We still have a lot in France, freedom(s). But, this is what I invoke when I speak of freedom. It will question a lot of points like that. Our free will also, we receive every day in a loop like that, certain information. We receive them through the media, through our screens, so how, in this saturation in which we live, we still manage to find our way around, to make choices, to continue to think, to process information, not to receive it as such, to analyze it, to criticize it. So what free will is there still in this time?
[…] In any case, this period, yes allows us to re-consider. It is a period that allows us to rethink things that we thought were obvious. It is not easy to be able to hug the people you love, it is not easy to face each other, it is not easy to get closer, it is not easy to continue to have the taste, the smell, etc. It is not obvious that we can do what we want, go out, day or night as we want, it is not obvious that we can go more than 100 kilometers from home. In short, that’s a lot of evidence that is put into play.

Do you still have the possibility of representing yourself in France?
– For the moment no. For the moment, shows are prohibited. We can only work, the only things we can do is to continue the rehearsals.

Oh yeah, so it kinda broke your rhythm…
– Yeah, it really halted all the dynamics like that of companies, theaters, festivals, in France and elsewhere. We are in a zone that is a bit sleepy, hibernating. And then we’ll see how long it will last and how long we can hold on to, it’s a whole economy, a precariousness also that arises. […] It is a kind of withdrawal, a withdrawal at home, identity, community and international level. That too, how are we going to be able to redeploy after this moment of withdrawal (?)

“How do you rebuild your body with that and what social body you are building from there. […] We are tipped between fulfilling missions of the common good, and at the same time there are freedoms that we are deprived of and to what extent do we accept it. “

You had to go abroad not for (artistic) events?
– We had planned going to Tunisia, to Korea… (It had been cancelled). I am organizing a festival also ‘movement on the city’ in Montpellier which normally should start at the beginning of December and we will keep just one evening in live-streaming with three choreographers. There were to be Koreans, Swiss and then, those who are missing, ultimately could not be invited.

Ah ok great ! It also allows the event to be opened internationally as well if it is live.
– Here we are going to test that. […] Exactly, it is a bit of a bad for a good, we must take this opportunity… to find, to try other ways of, other manners in doing. Then we will judge on the spot, what is interesting…

Yes, of course it is not the same (live vs visio).
– Yes, dancing is an art of empathy, we receive energy. There is a hand-to-hand form. While there on the screens, it’s going to be a little different.

I saw a lot of singers took the opportunity to ask their fans to dance to music and they made their music video on the dances of the different fans they selected.
– Ah that’s excellent!

I found it really well done, because it was in a single thread several videos of people dancing, who did not know each other and it was linked together quite well.
– Oh great, which singer was it?

There it was ‘Oh Wonder’, it’s a British band, the song was ‘Keep on dancing’…
– Yes, there are lots of ideas that arise, other ways of doing things… to continue to be creative !

And continue to be connected…
– To the world and to oneself !

 

Exactly…

 

How did you find this interview? Do not hesitate to share your opinion!

To know more about his works : La Compagnie Yann Lheureux

Une valse / A waltz

Flahsbacks en une valse. Un poème inspiré par la prestation ‘Autrement qu’Ainsi‘ – de Yann Lheureux réalisée le 02/10/2020 à la Bulle Bleue, Montpellier.

Retrouvez en vente cette carte ici : …
(Les sommes seront reversées à l’association France Alzheirmer (Hérault)).

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[English] –
Flahsbacks in a waltz. A poem inspired by the performance ‘Otherwise than thus‘ by Yann Lheureux, performed the 02nd/10/2020 in La Bulle Bleule, Montpellier.

Find on sale this card here : …
(The funds will be transferred to the association France Alzheirmer (Hérault)).

Bonus – corona times

Une photo que j’avais prise il y a 4 ans – en décembre 2016. Un moment difficile, loin de ma famille… Je me souviens d’avoir racheté du papier toilette et posé symboliquement ce pin’s comme symbole de continuité ‘même quand on touche le fond’, en rigolant et regardant ma collocataire. Au moins, j’avais d’autres recharges de PQ.

Sur le pin’s : ‘De tes capacités tu ne douteras pas’.

A photo that I took 4 years ago – in December 2016. A difficult moment, far from my family… I remember having bought toilet paper and symbolically posed this pin as a symbol of continuity ‘even when we hit rock bottom ‘, laughing and looking at my roommate. At least I had another toilet paper refills.

On the pin : ‘Of your abilities, you will not doubt’.

2021 bienvenue… Que cette année soit bonne, brillante, pour tous.
2021 welcome… May this year be good, bright, for all.

Conversation avec les couleurs de Colette RICHARME à l’espace Dominique Bagouet

Artiste peu connue de son vivant, ce n’est qu’après sa mort que l’on (re)découvre cette femme inspirante, aux couleurs et talents multiples. Quelques œuvres et dessins récoltés par l’association Richarme, ont pu être exposés à l’espace Dominique Bagouet, espace dédié aux artistes régionaux du XIXe et XXe siècle.

Quelques dates et points clés :

– Née en 1904 en Chine, à Canton (Guangzhou). C’est auprès de sa mère que Colette s’initie et s’intéresse à la peinture et l’art.

– Suite à la mort de son père (expert sur le marché de la soie pour une firme britannique), Colette et sa mère s’installent en France à Lyon, en 1913.

– Quelques années après, elle perd également sa mère en 1926 puis s’installe à Paris avec son mari.

C’est à cet endroit qu’elle développe son style en intégrant les ateliers de la Grande Chaumière, fréquentant d’autres artistes, dont Louise Bourgeois, avec qui elle se lie d’amitié.

– Elle s’installe à Montpellier en 1937 à la Vignette et lance sa première exposition en 1941, comme par la volonté de tracer son propre chemin, de s’affirmer dans cette scène artistique à forte dominance masculine. Femme, elle ne put faire partie du groupe d’artistes Montpellier-Sète (où le thème de la couleur est également important).

Elle ne quittera plus la région, son atelier languedocien et continuera à peindre jusqu’à sa mort. Elle meurt le 27 février 1991.

Elle peint Montpellier, la Paillade, certains villages comme Aigues-Mortes, Sète… Ses peintures sont colorées, vives et fascinantes. Les détails sont là, on regarde les toiles, une fois, deux fois, puis trois fois en découvrant sans cesse des petites choses qu’on n’avait pas aperçues auparavant, passées sous notre nez en un clin d’œil, comme si l’enfant qui sommeillait en elle se mettait soudainement à courir, à nous interpeller comme pour jouer avec elle, s’interroger, discuter.

Le détail dans le flou, ou le flou dans le détail, c’est assez fort tout de même… Telle est la description que je donnerai à ses œuvres. En arpentant la salle, ses peintures me paraissent fluides, intimes mais surtout pleines de vie. Les couleurs jaunes orangées, représentant certainement le soleil du sud me rappelle de vieux souvenirs d’étés. La fête, la mer, les soirées, les tours, la foule mais également la solitude, des paysages assez désertiques, des éoliennes ou encore une industrie crachant sa fumée dans le ciel sont représentés.

Oui, rien n’est ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir dans la vie…

Merci Colette pour ce bref séjour dans ton univers lumineux. Également écrivaine, il me tarde d’en savoir plus sur ce qu’elle a pu laisser derrière elle.

1 – Les Tours, la Paillade, 1977
2 – Nocturne à la Paillade, 1976
3 – Fête rue de seine, 1977
4 – L’éolienne, 1971
5 – Brumes roses, 1982
6 – Fête sétoise, 1966
7 – Nuées Bretonnes, 1960
8 – Aigues – Mortes, 1938

Photos prises lors de l’exposition – août 2020

« La peinture est le cri de lumière, l’appel de ma nuit » Colette Richarme 1947.

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[English] –

Little known artist in her lifetime, it is only after her death that we are (re)-discovering this inspiring woman, with many colors and talents. Some of her works (paintings and drawings) collected by the association Richarme, had been exposed in the Dominique Bagouet space, dedicated to the regional artists of the nineteenth and twentieth centuries.

Some keys dates and points :

– Born in 1904 in China, Canton (Guangzhou). It is with her mother that Colette initiated herself and developed a growing interest in painting and art.

– Following her father’ death, (who was expert in the silk market for a british company), Colette and her mother settle in France, in Lyon, in 1913.

– Few years later, she also lost her mother, in 1926 and settles in Paris with her husband.

By integrating the studios of ‘la Grande Chaumière’, it is within this place that she develops her style, meeting other artists and becomes friend with Louise Bourgeoise.

– She settles in Montpellier in 1937 in ‘La Vignette’ and launches her first exhibition in 1941, as a will to trace her own path, assert her presence in this predominantly male artistic scene.  As a woman, she could not be a part of the ‘Montpellier-Sète’ artist-group (where the topic of color(s) was equally important).

She will stay in the region, not leaving her languedocien studio. She has been painting until her last breath. She died the 27th february 1991.

She paints Montpellier, la Paillade, some villages like ‘Aigues-Mortes’, ‘Sète’… Her paintings are colorful, bright and fascinating. Details are here, we watch the canvases, once, twice, three times then discovering continually small things that we did not pay attention before, going under our noses in a blink, as if the inner child in her suddenly runs, calls out to play with her, to wonder and discuss.

Details in the blurred, or the blurred in details… That is the description that I would give to her works. While walking in the room, her paintings appear fluid, private more importantly full of life. The orange-yellow colors certainly representing the sunny south, remind me memories of my summers. Celebrations, the sea, evenings, towers, the crowd but also loneliness, quiet desert landscapes, wind turbine or an industry coughing its smoke into the sky are illustrated.

Yes, nothing is totally all white or all black in life…

Thank you Colette, for this brief journey within your luminous universe. Also a writer, I look forward to (her writing and) what she had left behind her.

1 – The Towers, la Paillade, 1977
2 – Night in la Paillade, 1976
3 – Party in the seine street, 1977
4 – The wind turbine, 1971
5 – Pinky mists, 1982
6 – Celebration in Sète, 1966
7 – Breton swarms, 1960
8 – Aigues – Mortes, 1938

Pictures taken during the exhibition – august 2020

« Painting is a cry from the light, the call of my night » – Colette Richarme 1947