– To the women in Algiers and beyond –
[French] – Article original écrit en anglais
Plusieurs silencieuses et visibles batailles ont été menées par les femmes.
Ce mois-ci, il y a une chose que je voulais vous faire partager car ces images sont encore inconsciemment restées en moi. Fusia el kader (jouant le role d’Hassiba Ben Bouali) dans la bataille d’Alger avec l’enfant Mohamed Ben Kassen (jouant Omar, le neveu de Yacef Saadi) et Brahim Haggiag en tant qu’Ali la Pointe/Ali Ammar – un film réalisé par Gillo Pontecorvo.
Un (inter-générationnel) combat contre la colonisation française est dépeint dans ce film.
J’étais donc surprise d’apprendre la mort de cette actrice, décédée en Septembre 2019. (Malheureusement, je n’ai pu trouver plus d’écrits sur sa vie et sa carrière). Mais cette nouvelle intantanément m’avait rappelé à quel point elle était sublime, forte aux côtés de ces femmes, actrices…
Quand j’ai vu ce film pour la première fois, j’étais jeune mais certaines images sont fortes, puissantes, surtout les images sur les conflits et les guerres et encore plus celles sur la guerre d’Algérie.
Bien que trop jeune pour tout comprendre, je savais que certaines choses n’allaient pas et je ressentais une sorte de lourds liens, souvenirs de mes ancêtres qui étaient tristes, sombres – mais aussi à travers les années, je ressentais le devoir et le besoin de comprendre ce qui s’était passé…
Une intense et silencieuse tension imprégnait la maison quand ces films se jouaient. Je savais que ce n’était pas pour le fun, de choses plus sérieuses étaient véhiculées. Une histoire dont je ne comprenais pas toutes les parties, donc j’étais curieuse – comme toujours – particulièrement parce que, pourquoi soudainement l’ambiance avait changé ? Le visage de mon père semble avoir changé, étant plus strict, sérieux, tout au long du film… tout en noir et blanc… Il y a des souvenirs qui restent encore difficiles à digérer même après plusieurs années… loin de la terre qui avait pour habitude de vous nourrir, de prendre soin de vous.
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Le visage de ces femmes et hommes jouant dans ce film demeuraient en moi depuis un moment.
Donc aujourd’hui, je souhaite vous le faire partager pour que vous puissiez comprendre, peut-être, que ces visages étaient réels, ils sont vous et moi, moi et vous, nous – souhaitant se battre pour un monde meilleur – Ils ont joué tout au long une histoire qui s’est déroulée et qui reste peut être inconnue pour certaines personnes de différents endroits de ce présent monde et de l’autre monde, partis, partis avant… avant nous. Mais ces visages existent, existaient et ce -gence de- film est encore pertinent, aujourd’hui, demain et demain demain, demain après demain, demain après tout-morrt oh…
C’est une part de l’héritage culturel collectif et une inspiration pour tous les activistes, leaders, chercheurs de justice et de liberté. Ce film a été censuré en France pendant des années, difficilement faisant face à cette question, ayant peur également à ce qu’il soit une source d’inspiration et créant plus de protestations, mouvements populaires… En effet, comme nous pouvons le témoigner quotidiennement, quand un peuple combat en unité, il créé des vagues, de grands changements… Et qui aime les changements renversant le status quo ? (C’est aussi pourquoi, de nombreux activistes, journalistes transmettant des informations ‘sensibles’ sont encore censurés, emprisonnés, torturés voire même tués à présent…).
Mais parfois, ces mêmes choses noyées peuvent apparaître en train de flotter, ailleurs, de l’autre côté de la mer, quand on s’y attend le moins et les générations futures découvriront ces bouteilles à la mère et ne sauront comment y faire face, car au fur et à mesure (du temps), il y a (eu) de plus en plus de bouteilles avec des messages, des peaux, os, vêtements déchirés…
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A ces femmes ayant combattu* et qui continuent à lutter sous la répression à leur propre manière, petite, grande, pour des causes plus grandes, changeant le cours de l’histoire de pays, de millions de vies : notre liberté dépend de vos luttes, dépend de vos lèvres rouges blessées et de vos criantes montagnes brisées. Nous parcourrons cette terre avec votre beauté et votre force, tout comme nous nous endormons silencieusement pour mieux témoigner de votre grandeur dans nos rêves et vos sourires en nos temps journaliers. Nous essayons de rester debout, encore sur nos pieds – dans vos ombres chaleureuses – comme pour vous honorer…
Que nous puissions continuer à recevoir le mérite de votre grâce,
Que ce monde voit plus de paix et de pardon,
et que vous nous pardonniez, car un bon nombre d’entre nous sommes encore en train d’appprendre à aimer.
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*A ceux désirant apprendre plus sur comment les femmes ont contribué à changer l’histoire (en Algérie), je vous recommende les travaux d’Assia Djebar, qui a passé sa vie entière à mettre en lumière et à transmettre sa double culture, son héritage, histoires en écrivant mais aussi en filmant les femmes algériennes.
« Il se trouve toujours une femme, vieille, jeune, peu importe, qui prend la direction du chœur : exclamations, soupirs, silences gémissants quand la montagne saigne et fume, couplets passionnés. » (Assia Djebar, Les Enfants du nouveau monde via La revue Ballast, 2017).
Faisant écho à la chanson des combattants, jaillissant :
“De nos montagnes,
la voix des hommes libres s’est élevée,
elle proclame l’indépendance de ma patrie.
Je te donne tout ce que j’aime,
Je te donne ma vie,
O mon pays, O mon pays…” ¹
Sources :
Photographies à partir de Youtube Video ‘Donquishoot Ft Diaz – La Bataille d’Alger 2016’ : https://www.youtube.com/watch?v=66CRPKsuiKg
Citation d’Enfants du nouveau monde à travers la revue Ballast : https://www.revue-ballast.fr/assia-djebar
1 – La chanson des combattants algériens à la prison des femmes, La Question d’Henri Alleg : https://www.humanite.fr/node/230400
Un article sur comment le film est encore pertinent de nos jours : https://www.latimes.com/entertainment/movies/la-ca-mn-battle-of-algiers-rerelease-20160921-snap-story.html
[English] –
Many silent but also visible battles had been fought by women.
Here is something that I wanted to share, because these pictures unconsciously have stuck with me. Fusia el kader (playing the role of Hassiba Ben Bouali) in the battle of Algiers with the little child Mohamed Ben Kassen (playing Omar, the nephew of Yacef Saadi) and Brahim Haggiag as Ali la Pointe/Ali Ammar – a movie made by Gillo Pontecorvo.
An (inter-generational) fight against french colonialism is depicted through this film.
So, I was surprised to learn the death of this actress in September 2019. (Sadly, I did not find more writing on her life and career). But this news instantly reminded me how she was stunning, strong beside these women, actresses…
I was young when I first saw it, but images are powerful specially images about conflicts and wars ; and even more on the Algerian war of independence.
Even if I was way too young to understand it all, I knew that some things were wrong and I felt a kind of heavy link, memories from my lineage that were sad, dark – but also over the years, I had sensed the duty and need to understand what happened…
An intense and silent tension impregnated the house when those movies were played. I knew that it was not for fun, more serious things were conveyed. A story that I have not comprehended all the parts, so I was curious – as always – especially because, why suddenly the ambiance changed ? The face of my dad seems to have changed, being more strict, more serious, along the film… all dark and white… Some memories are still difficult to process even after many years… far from the land that used to nurture you.
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The faces of the women and men playing in this film have been with me for a while.
So today I want to share it so you, maybe could understand that these faces were real, they are you and me, me and you, us – fighting for a better world – They played all along a story that happened and may not been known by some people from some part of the present world, and of the other-world, left before… Before us. But these faces had existed, exist and this -type of- movie is still relevant, today, tomorrow and tomorrow tomorrow, tomorrow after tout-morrt oh…
It is a part of the collective cultural heritage and an inspiration for all activists, leaders, seekers of justice and freedom. This movie was censored in France for many years, hardly facing this issue and being afraid that it will inspire further uprising, protest movements…
Indeed, as we can witness continually, when people fight in unity they create waves, big changes… And who like changes reversing the status quo ? (That is also why many activists, journalists relaying ‘sensitive’ information are still being censored, jailed, tortured and even killed right now…).
But sometimes those same drowned things might appear to float, elsewhere, on the other side of the sea, when you least expect it and future generations will discover these bottles à la mère and will not know how to deal with it, because as times goes by there have been more and more bottles with messages, skins, bones, torn clothes…
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To those women who fought* and continue to fight under the repression in their own tiny, big, multiple manner, for bigger causes, changing the course of countries, of millions lives : our liberty depends on your struggles, depends on your red wounded lips and broken screaming hills. We roam this earth with your beauty and strength, as we sleep silently to witness your greatness in our dreams and your smiles in our daily times. We try to stand still on our feet – in your warm shadows – as a way to honor you…
May we still be worthy of your grace…
May this world see more peace and forgiveness,
and may you forgive us, because most of us are still learning how to love.
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*If you are interested in knowing more on how women contributed in changing history (in Algeria), I recommend you the works of Assia Djebar who dedicated her whole life on highlighting and transmitting her cultures, heritage, stories by writing but also filming Algerian women.
« Il se trouve toujours une femme, vieille, jeune, peu importe, qui prend la direction du chœur : exclamations, soupirs, silences gémissants quand la montagne saigne et fume, couplets passionnés. » (Les Enfants du nouveau monde, La revue Ballast, 2017). That can be translated as : « There is always a woman, old, young, whatever, who takes the direction of the choir : exclamations, sighs, moaning silences, when the mountain bleeds and smokes, passionate verses. » (Children of the New World, La revue Ballast, 2017).
Somehow, echoing the song of the fighters in The Question book, gushing:
“From our mountains,
the voice of the free men have raised,
its claims the independence of the homeland,
I give you everything I love,
I give you my life,
O my country, O my country…“
Photographs from the Youtube Video ‘Donquishoot Ft Diaz – La Bataille d’Alger 2016’ : https://www.youtube.com/watch?v=66CRPKsuiKg
Quote from Children of the New World through the Ballast journal : https://www.revue-ballast.fr/assia-djebar
The song of the fighters from the women prison, The Question by Henri Alleg : https://www.humanite.fr/node/230400
An article on how this film is still relevant today : https://www.latimes.com/entertainment/movies/la-ca-mn-battle-of-algiers-rerelease-20160921-snap-story.html
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